Les Etats-Unis marquent dans la gravité le 5e anniversaire du 11-Septembre
NEW YORK (AFP) - Les Etats-Unis rendent lundi un hommage chargé d'émotions aux quelque 3.000 victimes des attentats du 11 septembre 2001, mais sans échapper aux critiques sur la "guerre contre le terrorisme" et aux menaces persistantes d'Al-Qaïda dans le monde.
Le président américain George W. Bush a lancé dès dimanche les commémorations en déposant deux gerbes à la mémoire des victimes, là où se dressaient les tours du World Trade Center il y a cinq ans.
M. Bush et son épouse Laura, en costume et tailleur noirs, le visage recueilli, ont déposé deux gerbes de fleurs sur des bassins marquant l'emplacement des tours jumelles disparues.
Non loin de la cérémonie, des dizaines de manifestants protestaient contre la politique de M. Bush et la guerre en Irak, signe de la division qui a remplacé l'union nationale d'il y a cinq ans. Ils n'ont pas troublé la solennité de l'instant.
Le couple Bush a ensuite participé à un service religieux en mémoire des victimes à la chapelle Saint-Paul, toute proche.
Le geste de M. Bush est le premier des hommages qui doivent être rendus à travers le pays aux victimes des attentats les plus meurtriers jamais perpétrés aux Etats-Unis.
L'Amérique observera un moment de silence lundi à 8H46 (12H46 GMT), l'heure exacte à laquelle un premier avion, le vol 11 d'American Airlines, s'écrasait contre la tour nord du World Trade Center, puis à 9H03 pour l'attaque de la tour sud, à 9H59 pour l'effondrement de la tour sud, et 10H29 pour celui de la tour nord.
A Ground Zero, les proches des disparus liront les noms des victimes selon un rituel annuel. A 19H00 de New York, le monde entier est invité à allumer des bougies pour les victimes du terrorisme.
M. Bush passera un long moment avec les pompiers de New York. Il se rendra dans la journée sur les autres sites du 11-Septembre à Shanksville (Pennsylvanie), où s'est écrasé le Boeing d'United Airlines dont les passagers ont essayé de reprendre le contrôle, et au Pentagone, la dernière cible des 19 pirates de l'air d'Al-Qaïda.
Dans la soirée, il s'adressera solennellement à la Nation, du Bureau Ovale de la Maison Blanche, pour la cinquième fois seulement de sa présidence.
Il devrait exalter l'esprit de l'Amérique et la détermination à combattre le terrorisme tandis que l'union sacrée formée derrière lui après le 11 septembre 2001 est un lointain souvenir.
Les Américains sont désormais profondément divisés par la guerre en Irak et les moyens employés au nom de la "guerre contre le terrorisme", tandis qu'Oussama ben Laden court toujours.
"Nous n'avons jamais pu confirmer l'existence d'un lien entre l'Irak et le 11-Septembre", a admis le vice-président Dick Cheney sur la chaîne NBC. Mais un lien entre Al-Qaïda et l'Irak, c'est une "autre affaire", a-t-il dit en soulignant qu'Abou Moussab al-Zarqaoui se trouvait en Irak avant l'invasion américaine.
La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a reconnu que les Etats-Unis ignoraient la localisation précise d'Oussama ben Laden. Mais, a-t-elle affirmé, il a "de moins en moins d'endroits où se cacher".
La responsable américaine a reçu le renfort du Premier ministre australien John Howard, fidèle allié de la politique Bush. "Je pense qu'on finira bien ... par lui mettre la main dessus un jour", a-t-il assuré.
Près de 19.000 soldats américains participant en Afghanistan aux opérations antitalibans, et à la traque de ben Laden, rendront eux aussi hommage aux victimes du 11-Septembre. Des commémorations et des veillées aux chandelles doivent être organisées dans la capitale Kaboul ainsi que dans la plus grande base de l'armée américaine dans le pays, à Bagram, au nord de Kaboul.
Dimanche, le président afghan Hamid Karzaï a appelé à la poursuite du "combat contre la menace du terrorisme avec une plus grande résolution et un plus grand dévouement".
Dans la crainte de nouveaux attentats, le Pakistan voisin a renforcé les mesures de sécurité aux missions étrangères et déployé des renforts de police sur des sites clefs.
Dans le monde entier, la presse consacrait de pleines pages aux attentats, mais nombreux étaient les quotidiens qui dénonçaient "l'échec" de la guerre contre le terrorisme.
L'administration Bush "a réussi le tour de force de réduire à néant l'immense élan de compassion et de solidarité qui s'était manifesté après le 11 septembre à travers le monde", accuse le quotidien français Libération.